La conception de la série

De Wikirak
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Avant propos

L'industrie de l'animation pour la télévision au Japon est un business comme les autres, le but final est de faire de l'argent. Certains feuilletons sont des adaptations de très grands succès de la bande dessinée locale, comme Albator ou Dragon Ball, ou de romans mondialement célèbres, comme Pinocchio, Heidi et Capitaine Flam. Parfois, en revanche, des histoires sont créées spécialement pour le petit écran, surtout dans le domaine de la science fiction, naturellement la branche phare de cette industrie. Bien peu de robots géants ont eu une première vie en manga, ils sont pour la plupart nés sur celluloïds et leur adaptation en bande dessinée n'est donc qu'un produit dérivé, même si elle démarre en même temps.

Dans ce pays, aucune série ne peut voir le jour, nous parlons bien sûr toujours de robots géants, sans le financement d'un fabricant de jouets qui, en échange de son sponsoring, se voit accorder l'exclusivité de la commercialisation de figurines. C'est LA qu'il y a matière à vraiment gagner de l'argent et le "Sponsor" est donc de fait tout puissant. Le Studio d'animation, bien que fournisseur de l’œuvre, n'a donc pas vraiment les mains libres et reste tributaire de son mécène dont les "souhaits" ne peuvent pas trop être discutés. Dans ce sens, nous verrons que le peu de malléabilité de Go Nagai perturbera beaucoup le développement et l'évolution de Goldorak et donc les relations entre La Tôei et son commanditaire.

L'autre patron-payeur, c'est la chaine de TV qui achète la série pour remplir ses plages horaires. A moins d'une audience catastrophique, ce qui dépend de beaucoup de choses, notamment du créneau horaire et ce qui se trouve en concurrence directe sur les autres stations, elle n'a pas beaucoup de poids, elle reste un client qui n'est que rarement plaintif.

Un univers des robots géants à diversifier

Mazinger Z, série où apparait pour la première fois Alcor, fut diffusée au Japon de décembre 72 à aout 74, renouvelant totalement un genre proche de la désuétude et lui donnant une deuxième vie. Pourtant, après 92 épisodes, la série s’est arrêtée alors que l'audience demeurait d'une constance tout à fait honorable, impliquant que les spectateurs ne s'en lassaient absolument pas.

Des tensions, difficilement quantifiables, vont apparaitre à cette occasion entre la Tôei et Dynamic, la société de Go Nagai, bien que l'arrêt de la série soit en fait une demande de Popy, filiale de Bandaï, le surpuissant fabricant de jouets et principal sponsor du studio d'animation.

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En effet, depuis avril 73 et la sortie des premières figurines, les diverses reproductions du robot trônaient sur l'étagère de presque tous les petits japonais, la gamme ayant pendant longtemps été numéro un des ventes. Tous ceux qui en voulait une l'avaient désormais, les ventes baissaient donc naturellement et il fallait trouver quelque chose d'autre à leur faire acheter en masse. Ce motif purement mercantile a sonné le glas de cette série révolutionnaire. Tôei, financièrement dépendante du fabricant de jouets, ne pouvait pas dire non. Quand à Dynamic, il est tout à fait possible que la société n'ait même pas été consultée.

Au Japon, quand le studio d'animation arrête une série à succès, l’éditeur du manga qui l'adapte en stoppe la publication presque immédiatement. Dynamic produisait alors, ce qui en dit long sur la popularité du dessin animé, au moins cinq versions publiées dans autant de magazines différents et Go Nagaï gagnait ainsi beaucoup d'argent. Ces versions furent toutes très vite arrêtées après la diffusion du dernier épisode du feuilleton.

Est-il possible que l'homme se soit senti abusé ou lésé? C'est encore une fois envisageable, lui qui, avec le Getta Robo (nouveau concept de robot géant imaginé par Dynamic Planning toujours à la demande de Tôei), venait d'offrir au studio un autre grand succès dont les reproductions en jouet de Popy s'arrachaient. Mais, n'ayant pas son mot à dire, il ne put que s'incliner et dire adieu à Mazinger Z !

La mise en chantier d'un nouveau feuilleton a donc été programmée et une seule chose a transpiré jusqu'à nous des réunions préparatoires : les histoires proposées par Go Nagai ont été refusées par trois fois et seul le graphisme du futur robot a été retenu par la Tôei.

Peu motivé et sans doute froissé, il a jeté les bases d'un nouveau God Mazinger dont le nom ne lui survivra même pas et qui deviendra Great Mazinger, un récit à la trame très simpliste dont Alcor sera absent. Pourquoi cette absence ? Avec le recul, elle nous semble incompréhensible alors que le pilote était le grand héros des trois propositions originales de Nagaï. Cependant, notre ami et contributeur LVD nous a soufflé depuis le Japon qu'en général, pour les concepteurs de ces séries, un nouveau robot voulait dire également un nouveau pilote.

Il est évident que trois refus en si peu de temps auxquels il faut ajouter l'incroyable arrêt de sa poule aux œufs d'or, cela n'a guère plu à l'auteur. Avec Mazinger Z et Devilman, son chef d’œuvre absolu, Nagaï est devenu en deux ans une immense star du manga, gagnant le respect d'une profession qu'il y a peu ne voyait en lui qu'un petit auteur aux succès irrévérencieux et vulgaires. Son nouveau statut, peut-être aussi son nouvel égo, ne lui permettent plus de ravaler sa fierté comme auparavant.


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En septembre 1974, 5 mois après le lancement de Getta Robo, Great Mazinger prend donc la suite de Mazinger Z à la télévision. Cette deuxième série ne rencontre pas le succès escompté auprès du public, un peu parce que c'est une suite dénuée de substance, très répétitive, au ton plus léger, beaucoup parce que Kôji / Alcor, héros national au Japon à cette époque, n’y apparaît pas et se voit remplacé par un jeune homme trop parfait, trop rigide auquel personne finalement d'autre qu'un militaire ne peut s'identifier. En revanche on y trouve un corbeau qui parle et Shiro, le petit frère de Koji, se voit vite doté de son propre robot de combat. "Robot Junior", dont l'apparence est calquée sur la panoplie d'un joueur de baseball (batte comprise) et dont le visage expressif, surtout pour les grimaces, est aussi risible que celui d'un Boss Robot ("Béliorak" dans Goldorak) qui lui se retrouve omniprésent du premier au dernier épisode. Au final, les nombreux effets comiques tranchent beaucoup trop avec la rigidité glaciale du nouveau héros.

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Dans l'ensemble, la série est correcte, le savoir-faire de la Tôei et de Dynamic est indiscutable. Cependant, à cause de la logique commerciale qui a orienté sa conception, Great Mazinger est passé à côté d'une certaine qualité alors qu'il avait à priori toutes les cartes en main. Aussi, pour le spectateur de l'époque, le feuilleton reste avant tout un Mazinger "sans Koji", ils s'en plaignent, ce qui pèsera lourdement dans la conception de Grendizer.

Bien que la série ait eu ses fans et soit toujours bien présente à l'esprit des quinquagénaires japonais, le "bol d'air", le grand succès de la Tôei en 1974, c'est néanmoins Getta Robo et pas Great Mazinger. Car Great Mazinger reste "une suite", ce qui sera aussi le cas de Goldorak, avec tout ce qu'il y a de commercial et de manque de fraicheur qui est attaché à ce mot.

En outre, la concurrence se fait désormais sentir en matière de robots géants inspirés du style Nagai. La série Raydeen (Yuusha Raydeen), issue d'un studio rival de Tôei et qui présente le premier robot géant transformable en vaisseau, superbe graphiquement, et qui s'appuie sur un scénario assez sympathique, est un joli succès et, malgré une audience qui serait tout juste correcte pour un robot Tôei/Dynamic, elle porte de l'ombre au successeur de Mazinger Z dès avril 75.


Lorsqu'à l'été, Great Mazinger est finalement sacrifié, Go Nagaï va montrer qu'il n'a pas oublié ces affronts de l'année précédente !

Une pression des fabricants de produits dérivés

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Pour Popy, le problème de Great Mazinger est ailleurs : plastiquement, il n'est qu'une trop faible évolution de Mazinger Z. Beaucoup plus grand (alors que ses reproductions en jouets auront la même taille) et plus anguleux, il partage néanmoins des traits identiques et son armement est très proche.

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Bien plus qu'une similitude, c'est un clonage bon marché. Les jouets qui le reproduisent ne sont certainement pas originaux et se montrent peu appétants pour le petit japonais qui a déjà ses figurines Mazinger Z sur son étagère.

Les reproductions de Great Mazinger se vendent donc mal.


De nouvelles tensions se font jour et l'arrêt de Great Mazinger est donc décidé.

La mise en chantier d'un nouveau feuilleton débute et Gô Nagai, à qui l'on demande une idée originale de robot, remanie encore son God Mazinger, le projet déjà refusé par trois fois l'année précédente pour remplacer Mazinger Z (l'idée de départ combinerait un Big Mazinger Z piloté par Alcor et un God Mazinger piloté par un nouveau personnage flanqué d'une équipe d'assistants). Dans sa toute nouvelle mouture, ce synopsis prendrait la suite directe de Great Mazinger dès octobre, avec Alcor comme héros principal.


Résumé de God Mazinger version 1975

Grace au "carton" de Getta Robo, qui présente des machines d'une laideur à faire peur mais des héros au charisme exceptionnel, La Toei Animation semble enfin comprendre que l'ingrédient magique d'une série de ce type, ce n'est pas le robot, mais son pilote.

Le Shogun Warrior de Raydeen

Du coté de Popy, la pression est grande. Peu impressionné par les ventes des figurines de Great Mazinger, le géant du jouet veut pouvoir lancer une nouvelle gamme qui ressemble à Mazinger Z sans trop s'en rapprocher. Il insiste sur la pluralité afin de pouvoir sortir des gammes étendues ce que le concept de Getta Robo permet totalement, malgré une esthétique assez défaillante. Il produit aussi les figurines de Raydeen, dont il ne peut en revanche que se satisfaire de la beauté. Le petit jouet transformable qu'il en a conçu plait beaucoup, malgré la passable audience du feuilleton, et il veut reproduire ce grand succès.

(Le logo de la firme MATTEL apparaît, puisque c'est elle qui a distribué aux États-Unis, mais également en France et en Italie cette gamme. Les blister à fenêtres sont une idée de Mattel, puisqu'au Japon les jouets étaient distribués dans des boîtes fermées)

Il y a donc convergence d’intérêt, les deux compagnies, sans doute sans bien le réaliser ni se le dire, ont besoin d'une œuvre assez proche des Mazinger mais dont le robot ne soit PAS un Mazinger, l'une pour faire de l'audience avec un produit frais, l'autre pour produire des jouets attractifs et transformables ou emboitables, ce que Raydeen permet, pas les Mazinger ni les Getta robo.


Les trois Getta robo

En effet, les vaisseaux qui, dans Getta Robo, s'assemblent selon diverses combinaisons pour former trois robots différents le font selon des techniques absolument irréalistes et impossibles à reproduire par l'industrie du jouet. Donc d'un coté, Popy peut proposer trois vaisseaux et trois robots (sans compter les machines annexes) pour ce seul feuilleton, mais d'un autre coté, elle ne peux présenter des figurines vraiment belles.





La physionomie du robot à concevoir semble donc se dessiner selon un cahier des charges de plus en plus précis, toujours sous l'impulsion du sponsor :

-Beauté plastique

-Proximité relative avec les Mazinger

-Transformation ou assemblage reproductible en jouet

Pour plus d'information sur le sujet, voir Le graphisme de GOLDORAK.

NOTE IMPORTANTE : Les débuts de ce partenariat tripartite, qui dure donc depuis Mazinger Z, ont peut-être donné lieu à des tâtonnements, mais au moment où la conception de notre série débute, les choses sont désormais contractuellement figées : Dynamic fournit des dessins et des croquis, la Toei les lui achète et Poppy peut en disposer au cas où pour toute création de produit dérivé.

Un nouveau thème : l'agression extraterrestre

Compte tenu de tout cela, le studio ne se montre pas impressionné par la proposition de Nagai, qui met à nouveau aux prises Alcor et le Docteur Hell. Il souhaite explorer d'autres options. Comme nous l'expliquerons mieux dans Les sources d'inspiration de la série, ce que produit Dynamic depuis deux ans est assez redondant. Alors si en plus les robots proposés sont soit laids, soit peu originaux, le risque de froisser Popy est grand et, cela, la Tôei ne peut pas se le permettre. D'autant que celui-ci sponsorise désormais des séries des studios concurrents, ce qui, en raison de la puissance de communication du fabricant de jouets, les expose d'avantage au public et fait de l'ombre aux productions maison.

Pour présenter une trame beaucoup plus dense et beaucoup moins primaire, l'équipe de production pense à développer la profondeur de UEDS qui a eu un très beau succès critique et dont l'histoire est vraiment originale et rafraichissante. De plus, le thème des OVNIs, très populaire à cette époque au Japon, est encore très peu exploité dans les séries télévisées.

God Mazinger est donc refusé et le court métrage UEDS se voit décliné en série, comme la Tôei le prévoyait en cas de succès de ce dernier. Toutefois, Alcor sera de la partie.


L'introduction d'Alcor et le lien avec les Mazinger, un sujet épineux

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Scénaristiquement, puisque l'on reprend une histoire complètement déconnectée de la continuité "Mazinger", la résolution d'y introduire le jeune homme peut sembler contradictoire.

Mais la Tôei doit tenir compte des intérêts de Popy qui préfère continuer à exploiter la lucrative licence Mazinger, sur laquelle elle a déjà tout pouvoir, plutôt que de négocier un nouveau contrat de sponsoring sur une aventure dont le sort est hypothétique. Popy désire également continuer à travailler avec Gô Nagai, dont le nom est gage de qualité et de succès, et veut du Mangaka un robot qui ressemble (mais de pas trop prêt) aux deux Mazinger. Cette nouvelle histoire devant prendre le créneau horaire des deux précédents dessins animés, l'option de faire une séquelle semble finalement être de l’intérêt de tous.

Cette décision prise, il faut trouver comment réaliser ce "souhait" de Popy et rentrer l'histoire d'UEDS dans la continuité des Mazinger, sans faire les erreurs du deuxième volet.

Le studio a bien vu que l'absence d'Alcor tout au long du feuilleton a desservi Great Mazinger, il conclut donc qu'elle desservira aussi le troisième volet. En effet, quand on tient un héros national, qui plus est dont les fans souffrent de l'absence, on en profite! La seule solution pour faire correctement le lien s'impose alors d'elle-même : Faire revenir le personnage dans cette nouvelle aventure et ainsi bénéficier de sa popularité.

Cette inclusion, qui devient dès lors impérative pour le studio comme pour le fabriquant de jouet, nécessite l'approbation du mangaka et la Tôei doit négocier cet ajout avec lui. Nagai n’est sûrement pas emballé par l’idée de réutiliser son personnage-star dans ce monde étranger dont il n'est pas l'auteur et qui a supplanté SA suite. Alors il va faire chèrement payer son aval, ce qui au final façonnera grandement la série.

Nous ignorons bien évidemment ce qui a été demandé et concédé lors de ces tractations mais des évènements ultérieurs nous laissent convaincus que, pour permettre l'utilisation du fils Kabuto dans Goldorak, Gô Nagai obtient un droit de regard sur le scénario et la propriété des machines et des personnages, nouveaux ou anciens, qui y apparaîtront, y compris Actarus, dont il n’est pas le créateur (personnage créé par Tôei pour UEDS). De par ces octrois, Le mangaka devient de fait l'auteur légal de Goldorak et de récents échanges de courriels avec le Japon l'ont confirmé : Ainsi si de son coté Nagai peut faire ce qu'il veut avec tout personnage ou toute machine issue de cette série, la Tôei a en revanche besoin de son accord pour la moindre opération commerciale la concernant.

Maintenant que sa présence est acquise, se pose la question de la place d'Alcor dans la série qui étend UEDS et où le premier rôle ne peux lui être attribué, celui-ci dépeignant un extraterrestre. Il sera donc son partenaire, une "guest star" permanente, un second rôle. Mais Actarus étant doté de capacités physiques exceptionnelles et, pour ne pas faire de l'ombre au Prince, Alcor se voyant lui doté de moyens de combat ridicules, l'ancien pilote de Mazinger Z souffrira sans aucun doute de la comparaison. Les producteurs ont semble-t-il totalement sous-estimé l'importance de ce fait et n'ont pas relevé l'évidence de son impact négatif auprès des téléspectateurs. Mais y avait-il vraiment moyen de faire mieux? Cela fait désormais bien des décennies que les fans en discutent et aucune proposition vraiment satisfaisante n'est encore apparue.

Nagai, pour d'autres raisons, n'est pas très à l'aise avec cette introduction et désire certainement limiter les références directes aux deux séries Mazinger. Au vu du résultat, il se sera servi lourdement de ce droit de regard, presque un droit de véto, ce qui n'a pas du faire très plaisir à la Tôei.

Même s'il n’empêchera pas deux aventures d’accueillir le Béliorak et ses pilotes, il s'opposera fermement au retour de Sayaka Yumi aux commandes du Fossoirak. Ce sera donc un personnage original, Phénicia, qui existe depuis peu dans la version manga de Gosaku Ôta et qui est introduite dans le 49e épisode, qui prendra sa place dans le cockpit de l'aéronef.

Cette réaction est sujette à de multiples interrogations car, dans Les mangas concomitants à la série produits par Dynamic, pour au moins deux versions, les références à Mazinger et les apparitions des deux robots titres et d'autres personnages en étant issus seront plutôt nombreuses. Ce comportement n'a pu que déplaire à la Tôei, frustrée de n'avoir pas plus d'apparitions des Mazinger et de leurs personnages dans la série, qu'il voit comme des vecteurs d'appel. Tout ceci demeure de l'ordre de la supposition même si tout va dans ce sens.

La série prend forme

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Mais nous n'en sommes pas encore là. Très rapidement, la pré-production de Goldorak débute et, dès le départ cette fois, Go Nagai est chargé de concevoir le graphisme du robot titre (ce qu'il fait avec Ken Ishikawa) sur les "souhaits" de Popy qui juge son trait indispensable. Pour UEDS, le concept robot+soucoupe venait de Dan Kobayashi de la Tôei. Nagai l'avait perfectionné en cours de route et le directeur artistique Tadanao Tsuji l'avait entièrement modifié et finalisé.

A partir du moment où Dynamic est conviée au projet, c’est contractuellement elle qui doit fournir les dessins des croquis des machines, et pas seulement de GOLDORAK, mais DE TOUTES LES MACHINES que les scénaristes inventent. La Toei les achète et Popy peut en disposer si une idée de jouet particulier lui vient en tête. Dans ce cas-là, le fabricant versera des droits aux deux compagnies, sur le chiffre d'affaire ou uniquement s'il y a des bénéfices, c'est à préciser.

Le nouveau robot est nommé GRENDIZER, d'après un projet avorté de Dynamic dont nous ignorons s'il devait s'agir d'un manga, d'un anime ou d'un tokusatsu :

En 1972 ou peut-être 73, la date exacte n'ayant pas été retrouvée, Go Nagai et Ken Ishikawa avaient fait les premières ébauches d'un projet nommé "Plus Power!! Grendizer".

Le héros se nommait Takeru Fubuki et pilotait une moto appelée Dizerd 7000, qui pouvait envoyer une armure pouvant être revêtue par son pilote, qui prenait alors le nom de Grendizer. L’idée de la moto sera reprise pour un tokusatsu répondant au nom d'Astekaizer en 1976.

En tous cas, Dynamic a repris le nom tel quel lorsque la Toei leur a demande de créer une nouvelle série a partir de UEDS.

La série est prévue pour durer 3 saisons, avec un budget bien supérieur à ce que l'on accorde habituellement aux feuilletons de robots géants. Les plus grands noms de la profession sont aux manettes, notamment de très talentueux chara-designers qui vont grandement embellir l’apparence des personnages de UEDS.

La qualité de l'animation, pour l'époque et pour un dessin animé télévisé, possède une si grande fluidité qu'elle restera sans égal pendant plusieurs années. Les producteurs s'attendent à un grand succès et de nombreuses licences pour la commercialisation de produits dérivés sont délivrées, une incroyable quantité et variété d'objets se trouvant déjà en cours de conception avant même le premier épisode.

Pour surfer sur la popularité des OVNIs très forte en cette période, le nom du robot, Grendizer en VO, se voit accompagné des mots UFO ROBO, soit "robot OVNI", dans le titre du feuilleton, afin de bien insister sur la présence d'extra-terrestres et de soucoupes volantes dans celui-ci.

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D'ailleurs, le fait que toutes ces fantastiques technologies apparaissant dans Goldorak soient d'origine extraterrestre crédibilise involontairement ce que nous voyons à l'écran, renforçant grandement le sentiment de réalisme. Sentiment de réalisme qui faisait défaut aux autres séries de robots géants de cette période où ces sciences purement terriennes étaient parfois millénaires.

La série est lancée en fanfare, la plupart des magazines spécialisés dans l'animation et le manga annoncent "le grand retour d'Alcor" et GOLDORAK se retrouve sur la plupart des couvertures.

Pendant ce temps, une fin de Great Mazinger, où pour faire plaisir aux fans et peut-être les préparer à Goldorak, le futur pilote de l'OVTerre reviendra aux commandes de son robot-star, est alors vite bricolée (l'ennemi n'est pas totalement éliminé).



Nous sommes le 5 octobre 1975 en début de soirée, au Japon. C'est un dimanche et il ne fait pas froid. Sur la chaîne Fuji TV, l'aventure peut commencer...

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Interview des auteurs et sa traduction française sur le forum

L'ouvrage Gô Nagai, Mangaka de légende de Jérôme WICKY, paru en juillet 2017 aux éditions Fantask, nous livre une belle épopée de l'auteur de GOLDORAK et de précieux détails qui concernent la genèse de la série et des mangas (notamment pages 125 à 136).

Un merci particulier à notre ami et contributeur LVD qui, du Japon, nous a trouvé l'origine du nom GRENDIZER.