Comme avec
Devilman vs Cyborg 009, j'ai du mal avec le look "elfe évanescent" des personnages, mais en revanche, je trouve les démons parfaits, tout à fait dans l'esprit du manga. Peut-être un poil trop "mignons" dans certains cas, mais quand même bien difformes et grotesques, façon golgoths, quoi. Ryô, avec son manteau d'assistant du Père Noël, est assez ridicule, mais après tout, qui nous dit que Yuasa ne fait pas ça exprès, pour rire ?
Un fanart qui résume bien ce que je ressens vis à vis du nouveau Ryô...
Tout ce qui est baston, métamorphoses et compagnie me semble visuellement très intéressant, et fidèle à l'esprit de la BD. Devilman, par exemple, il est quand même assez fidèle à l'original (plus que dans l'OAV
Amon, par exemple).
On peut dire que l'essentiel de l'esprit du manga est conservé, puisque ça reste une série très violente, très crue, qui dénonce l'esprit de meute et les instincts agressifs des humains poussés dans leurs derniers retranchements. On note aussi que l'aspect sexuel est nettement plus développé que dans le manga, ce qui est assez normal, dans le fond : la métamorphose d'Akira a toujours été une métaphore de la puberté. Donc, avis aux parents : même si on vous dit que c'est "par l'auteur de Goldorak", ne montrez pas ça à vos gosses.
Certains changements par rapport au manga sont bien vus, notamment le destin de la famille Makimura, encore plus affreux. D'autres peuvent apparaître de prime abord un peu cosmétiques : la bande de rappeurs qui remplace les voyous à la tronche en biais de l'original est horripilante. L'utilisation des réseaux sociaux pour montrer la haine des humains envers les Devilmen est plutôt bien sentie, tout comme le fait que Miki soit la fille d'un occidental catholique. De même, le scénario développe les parents d'Akira Fudô comme jamais, ce qui me paraît bien, car leur absence du manga original m'a toujours paru très dommageable.
En revanche, je me demande ce qui motive la disparition du père adoptif de Ryô, remplacé par un savant sans lien direct avec lui. Il y a quelques années, la scène du manga où Ryô annonce solennellement que son père est mort est devenu un "meme", et fut parodiée par de nombreux petits malins du Net anglophone qui trouvaient ce moment visiblement hilarant pour une raison qui m'échappe. Faites "Devilman" + "my father died" sur google images, pour vérifier. Je soupçonne ces braves gens d'avoir découvert la page hors contexte, de ne rien savoir de ce manga, et de l'avoir parodiée dans tous les sens pour faire comme les copains, sans même comprendre ce qu'il y avait de drôle. Du pur instinct de meute, quoi. Yuasa aurait dû l'inclure dans ses scènes de réseaux sociaux, tiens !
Blague à part, c'est ma grosse déception concernant cette série. Le "méta-discours", comme on dit de nos jours (en gros, c'est le commentaire d'une œuvre à l'intérieur de cette œuvre), n'est pas assez développé, alors qu'on nous allèche avec ça pendant toute la série : Taro, le petit frère de Miki, est fan du dessin animé
Devilman de 1972. C'est un fait établi : il y a eu un Devilman fictif dans cet univers, on le voit à travers des vidéos youtube, des posters, des jouets, etc. Mais personne ne fait le rapprochement avec l'apparition des démons ni la révélation de l'identité d'Akira à la télé. J'espérais que le scénario développerait un discours là-dessus, mais au final, non. Pour moi, c'est dommage, parce qu'à partir d'un certain âge, la plupart des franchises doivent développer ce discours sur elles-mêmes, rappeler d'où elles viennent, sans ça, elles s'échinent à vouloir paraître jeunes et c'est plutôt triste à voir.
Par conséquent, nonobstant le talent réel de Masaaki Yuasa, on obtient ici une adaptation de plus, avec laquelle on peut jouer aux sept différences avec l’œuvre originale, comme toutes les autres adaptations (ce qui peut être lassant, à la longue). Mais j'ignore si elle réussira à inciter un nouveau public à découvrir l'original, ce qui reste l'enjeu principal, de mon point de vue, de ce type de réinvention. Dans le même genre, je pense que
Devilman Grimoire remplit nettement mieux ce contrat, parce que son style de dessin est très apparenté à celui du Nagai des 70s, tout en y ajoutant quelque chose d'autre. Ici, je ne suis pas certain du tout que le public de Yuasa (dont certains semblent déjà effarouchés par la grande crudité de
Devilman Crybaby, à en croire certains commentaires) puisse faire le bond vers Nagai. J'espère me tromper...
... mais quand je vois des critiques comme celle-ci :
http://fr.ign.com/devilman-crybaby/3280 ... uasa-criti" onclick="window.open(this.href);return false;
Erwan Lafleuriel sur IGN a écrit :Devilman Crybaby sent parfois encore les années 70 malgré la modernité de l'adaptation du Studio Saru, mais ce n'est pas forcément un mal.
... je me dis que le combat est perdu d'avance.
Cela dit, au niveau international, ça devient sérieux : on en parle même dans
Newsweek (et de façon élogieuse).
http://www.newsweek.com/devilman-crybab ... n-2-779002" onclick="window.open(this.href);return false;
Signalons quelques bourdes :
The original Devilman manga was written by Go Nagai in 1972 as a loose sequel to an earlier series, Demon Lord Dante. It follows teenager Akira and his mysterious friend Ryo as they investigate Akira’s archeologist father’s death.
C'est la mort du père de Ryo qui met le feu aux poudres dans le manga. La mort des parents d'Akira n'est évoquée que dans des ajouts ou adaptations du manga.
In the original manga, Yuasa doesn’t bother with backstory or connecting the dots.
L'auteure veut bien sûr dire "Nagai" et non "Yuasa"...
All you need to know is that, in the series, demons have always existed on Earth and something in our world has started worrying them, causing them to reveal themselves.
Sauf que non, il y a une raison clairement énoncée dans le manga : la fonte des glaces.
One big difference between the manga and anime versions is that, in Devilman Crybaby, it’s not a tribal mask that allows a demon access to Akira’s body, it’s a thumping, techno cartoon orgy that Ryo forces Akira to attend. Ryo says he wants to prove to Akira that demons exist, and an orgy is the perfect place to find them. To help lure the demons into the open, Ryo slices up random teenagers, screaming, “Demons love the smell of blood!” Akira watches as wounded teens begin to change into their true, demonic forms.
Faux : le sabbat/teuf de jeunes est déjà présent dans le manga original et c'est bien là que les démons se manifestent.
Sinon, c'est pas mal. Je suis épaté de voir à quel point la violence de la série semble perturber et étonner tout le monde. Qu'elle est loin, la belle époque des OAV !