Merci, Gigi, pour cette formidable trouvaille !
Cette interview est instructive et éclairante à bien des égards.
Je me suis dit qu'il était un peu dommage qu'un texte de cette valeur soit déformé ou tronqué par un traducteur automatique. J'espère que tu n'en seras pas vexée, j'ai préféré recourir à la méthode traditionnelle (vive le dictionnaire !), ce qui m'a fourni une agréable occasion de me remettre à la traduction, un exercice auquel j'aime me livrer de temps en temps (je ne prétends évidemment pas que ma traduction soit de haute qualité, loin de là
).
NAGAI: Tout d’abord, je parlerais du processus de création de Grendizer. Son origine est le film Uchu Enban Daisenso (La grande bataille des soucoupes volantes). Dans la phase préparatoire, Grendizer avait un nom et un aspect différents.
KATSUTA (producteur): Son nom était Gattiger (en réalité, il aurait dû être Roboizer : Gattiger était le nom du vaisseau, note)
NAGAI: Nous pouvions nous appuyer sur une idée intéressante : une soucoupe et un robot qui pouvaient s’assembler (en fait, en japonais, "Gattiger" signifie "union". Peut-être le terme "Getta" de Getter Robot vient-il de là, note).
KATSUTA (producteur): Uchu Enban Daisenso m’a immédiatement fait bonne impression. J’étais persuadé de son succès, parce que cette œuvre brève n’était pas seulement l’histoire d’un robot mécanique, mais contenait des éléments très dramatiques : c’était aussi excitant pour des hommes que pour des femmes. Cependant, travaillant sur une série TV appelée à durer au moins un an, nous avons dû ajouter beaucoup d’autres éléments, ce qui a suscité de nombreuses discussions entre nous.
NAGAI: Oui, je me souviens que nous avons beaucoup discuté à propos de cela. Le personnage principal était Duke Fleed, n’est-ce pas ?
KATSUTA (producteur): Oui, c’est exact. Au début, Koji Kabuto n’était pas là.
NAGAI: Alors, on m’a demandé d’inclure Koji dans la série TV, mais le protagoniste devait toujours être Duke Fleed. Au lieu de cela, avec la présence de Koji, cet anime aurait eu deux protagonistes.
KATSUTA (producteur): Moi aussi, j’étais troublé : je pensais qu’il était impossible de créer un anime avec deux protagonistes. En fin de compte, nous avons donné à Koji un rôle de personnage secondaire. Je m’en excuse auprès des fans de Koji : je me sens coupable. Nous avons eu beaucoup de soucis à cause de cela. Mais vous (s’adressant au Club des fans), comment avez-vous suivi cet anime ?
AKEMI WATANABE (Grendizer Fan Club, GFC): J’ai été frappé par Grendizer après avoir vu Daisenso. Le protagoniste de Grendizer était plus mûr que celui de l’autre anime. J’aimais sa maturité. Beaucoup de fans de Grendizer aiment énormément Koji, tandis que moi, au contraire, je suis un admirateur de Daisuke, et à partir du moment où j’ai réellement apprécié Daisuke, j’ai suivi Grendizer.
ASUKA KAWAMURA (GFC): Depuis le début, j’aimais Koji : c’est un personnage drôle, il est très bien conçu.
NAGAI: Donner à Koji un rôle secondaire permettait à Daisuke de se révéler comme étant plus mature.
KATSUTA (producteur): Je n’avais pas l’intention de faire de Koji un personnage comique. Je voulais simplement en faire un garçon joyeux, vif et passionné, agissant sans raisonner, par opposition à Daisuke qui, au contraire, réfléchissait avant d’agir.
AKIHIRO ENOMOTO (GFC): Grendizer, comme le film Daisenso, était focalisé sur l’amour. Dans cet anime, on parle d’amour entre homme et femme, mais aussi de l’amour paternel de Genzo Umon pour son fils adoptif Daisuke. De même, on y parle d’amitié, comme celle entre Koji et Daisuke. Après Grendizer, il y a eu beaucoup d’autres animes de robots abordant le thème de l’amour (et c’est vrai : par exemple, Baldios, Daimos, ou Combattler 5).
SANAE TOKIMATSU (GFC): Je suis d’accord avec Enomoto. J’ai suivi Grendizer parce que j’aimais Daisuke : pour cette raison, j’ai vu tous les épisodes. Cet anime est différent des autres car il arrive à représenter très bien l’amitié et l’amour de la famille.
AKEMI WATANABE (GFC): Dans le 25e épisode, où apparaît Naida, vous pouvez voir l’humanité de Daisuke. J’aimais particulièrement cet épisode parce qu’il développe le thème de l’amour, les scènes de batailles y étant limitées.
KATSUTA (producteur): J’ai ajouté cet épisode comme un supplément. Mais il n’a pas plu à tout le monde, nous avons plutôt été copieusement critiqués au sein de l’équipe pour ce supplément, dont on disait qu’il était comme une douche froide. J’ai voulu m’aventurer dans quelque chose de risqué. Quand j’ai finalement décidé de le faire, nous avons remporté un grand succès et depuis lors, j’ai expressément continué à inclure des choses de ce genre.
AKIHIRO ENOMOTO (GFC): J’ai aussi aimé l’histoire de Naida. Dans cet épisode, Duke Fleed a un caractère différent du Duke de Daisenso, presque à l’opposé. Mais dans le 72e épisode, quand apparaît Rubina, Duke est identique à celui du film.
AKEMI WATANABE (GFC): À propos de Rubina, dans le magazine du Fan Club, nous avons discuté quant à savoir si Rubina aimait Daisuke ou non. À mon avis, Daisuke aimait Naida.
KATSUTA (producteur): Chacun a sa propre interpétation...
YUICHI MOROOKA (GFC): En ce qui concerne les mechas, dans la deuxième partie, les Spacers ont fait leur entrée en scène (le Double Spacer, le Marine Spacer et le Drill Spacer). Selon moi, le Double Spacer était une bonne idée, mais le Marine Spacer, piloté par Hikaru, était hors de propos, parce qu’au début elle était juste une paysanne, un symbole de paix. Mais vous pouvez voir que, depuis le début de la deuxième moitié, ainsi que par après, elle était désorientée… (rires)
ASUKA KAWAMURA (GFC): À propos d’Hikaru : après que Maria est entrée en scène, Hikaru s’est faite moins présente. Nous savons qu’Hikaru aimait Daisuke, mais elle ne pouvait exprimer ses sentiments… et l’anime s’est achevé ainsi !
SANAE TOKIMATSU (GFC): Hikaru est un personnage qui a une personnalité insignifiante.
NAGAI: Hikaru n’est pas très aimée par les fans.
KATSUTA (producteur): Je recevais beaucoup de lettres de menaces à ce sujet. On écrivait : « si vous mettez encore Hikaru en scène, nous vous tuerons ». (rires) J’en ai réellement reçu des tas, comme celles-là. Toutefois, je n’ai jamais cédé à ces demandes : je voulais dépeidre Hikaru comme une fille très féminine, mais j’ai échoué. À l’inverse, je n’ai eu aucune difficulté à décrire Maria, qui est entrée en scène plus tard.
NAGAI: Comme pour Daisuke, depuis le début, nous voulions décrire CE Daisuke, exact ?
KATSUTA (productor): Oui.
NAGAI: Daisuke avec une fleur devant la bouche, dans le générique de fin. (rires)
KATSUTA (producteur): Je voulais le représenter comme un garçon d’apparence triste, à cause de la perte de sa planète.
SANAE TOKIMATSU (GFC): Chaque semaine, apparaissait un nouveau monstre de Véga au nom marrant. Mais comment choisissiez-vous ces noms ?
NAGAI: Aléatoirement, imaginativement. (rires)
SANAE TOKIMATSU (GFC): Vraiment? Juste sans raison ?
NAGAI: Nous avons juste songé sérieusement au nom de Duke Fleed, le personnage principal : son nom vient du légendaire Siegfried, du Cycle des Nibelungen (Diukufurido était le nom original du Duke Fleed japonais ; en fait, il ressemble un peu à Siegfried. D’ailleurs, dans le manga Grendizer de Nagai, le meilleur ami de Daisuke ne s’appelle pas Morus, comme dans l’anime, mais Brunhild, comme la Valkyrie Brunnhilde du Cycle des Nibelungen – note).
Pour le reste, nous avons déterminé les noms en évoquant et en passant en revue les cinquante sons (rires) (Les « cinquante sons » sont ceux des katakana, l’alphabet phonétique japonais. Ils sont utilisés pour les noms étrangers ou scientifiques. Chez les monstres de Véga, apparaissent les « 31 sons » - note).
KATSUTA (producteur): Malgré tout, nous avons choisi ce procédé pour donner leur nom aux monstres de Véga : notre objectif était de créer des noms originaux, différents des autres, mais à long terme, ils ont fini par devenir monotones. Toutefois, les noms des monstres de Véga ont eu du succès.
AKEMI WATANABE (GFC): Il y a beaucoup de scènes et de gags à mes yeux inoubliables. Mais, à mon avis, dans la deuxième moitié, l’accent est principalement mis sur la personnalité et le charme des personnages secondaires qui apparaissent de temps en temps. De même, j’aimais la première partie, par exemple l’histoire de Shinichi, le gars passionné d’ovnis de l’épisode 10.
YUICHI MOROOKA (GFC): J’aime mieux l’histoire du commandant Haruk, qui adorait les colombes (épisode 29). Toutefois, pour le vaincre, Daisuke a tiré avantage de sa passion. C’était une histoire très marquante.
ASUKA KAWAMURA (GFC): J’ai été très marqué par l’histoire de l’avant-dernier épisode, le n° 73, quand Daisuke fait cavalier seul pour attaquer la Base Skarmoon et que Koji l’intercepte, lui faisant comprendre l’importance de l’amitié. Je suis encore impressionné par cette scène.
AKIHIRO ENOMOTO (GFC): J’aime l’histoire de Naida, et aussi celle d’Haruk.
SANAE TOKIMATSU (GFC): Comme il y a tellement d’épisodes que j’aime, je ne peux en épingler un. Si je devais choisir, j’aime l’histoire de Zuril et de son fils (ép.69). Juste quand je suivais cet épisode, j’espérais que Daisuke et Koji mourraient… (rires)
NAGAI: Je suis content, j’ai entendu tant de commentaires intéressants. Merci beaucoup.