Qui ne connaît la mythique série de SF
«Les Envahisseurs» ?
Les Envahisseurs, ces êtres étranges venus d'ailleurs.
Leur destination : la Terre.
Leur but : en faire leur univers.
David Vincent les a vus...
Le seul reproche qu'on puisse adresser à cette formidable série, passionnante et palpitante à souhait, c'est de s'être arrêtée brutalement, après seulement deux saisons, et de nous laisser avec des tas de questions sans réponse et d'attentes inassouvies.
Ce qu’on sait peut-être moins, c’est que les Envahisseurs ont connu une suite.
Enfin, une tentative de suite.
Ou un embryon de suite.
Ou une suite ratée, on ne sait pas trop comment nommer cette chose…
La chose en question est un téléfilm en deux parties (d’aucuns la qualifient de mini-série en deux épisodes, ce qui au fond revient au même) classiquement intitulé
«Le retour des Envahisseurs» («The Invaders» en VO). Tournée en 1995, cette chose aurait probablement dû constituer le pilote d’une future série qui, heureusement, ne vit en définitive jamais le jour.
Pour l’anecdote, la production télévisuelle regorge de ces étranges objets solitaires et inaboutis, vestiges de séries avortées et devenus des
stand alone par la force des choses. Leur exploitation ultérieure en vidéo les sauve bien souvent d’un oubli total et définitif. Quoique dans ce cas-ci, il eût sans doute mieux valu…
Pourtant, l’accroche avait a priori l’air alléchante. 27 ans après les faits vécus par David Vincent (pour rappel, la série originale s’est arrêtée en 1968), un nouveau protagoniste – interprété par Scott Bakula – est confronté aux mêmes extraterrestres. Lui aussi devra convaincre un monde incrédule que le cauchemar a déjà commencé…
Et cerise sur le gâteau : la jaquette annonçait la présence en guest star du vétéran, David Vincent en personne, toujours interprété par Roy Thinnes ! Pouvait-on rêver meilleur parrainage pour cette suite ?
Hélas ! Il ne fallut pas longtemps pour que le soufflé retombe et commence très vite à sentir la daube pourrie.
L’histoire : emprisonné durant plusieurs années à la suite d’une erreur judiciaire, Nolan Wood, à peine libéré, est à nouveau accusé d’un crime qu’il n’a pas commis et se retrouve traqué par la police. C’est con, non ? Il apprend que le savant qu’on l’accuse d’avoir tué enquêtait sur d’étranges événements tenus secrets, ce qui l’amènera à découvrir la présence d’extraterrestres sur notre planète. Un dénommé David Vincent (oui, c’est bien lui) lui révélera avoir déjà eu affaire à eux, avant de s’en retourner à sa retraite bien méritée.
Pourchassé à la fois par les autorités qui le prennent pour un dangereux criminel et par les extraterrestres qui veulent éliminer ce témoin gênant, l’indestructible héros, au terme d’une course-poursuite pleine de cris, de sueur et de testostérone, parviendra malgré tout à contrecarrer le sinistre projet des aliens, qui avaient prévu de faire exploser une bombe dans le métro.
Eh oui,
le retour des Envahisseurs, ce n’est que ça : un très ordinaire thriller d’action lourdaud et pas très fûté, sans plus. Le lien avec la fabuleuse série des années ’60 est extrêmement ténu : les extraterrestres n’y apparaissent que quelques minutes et David Vincent lui-même n’y fait qu’un simple caméo, sa présence n’apporte absolument rien à l’histoire, si ce n’est un argument publicitaire accrocheur. Pire encore, la prétendue continuité vis-à-vis de la série apparaît pratiquement comme un prétexte, un artifice, pour tout dire une arnaque : à la place des Envahisseurs, on aurait tout aussi bien pu avoir des Yakuza, des Terminators ou des Télétubbies, ça n’aurait rien changé.
L’aspect SF n’est qu’anecdotique, voire totalement dispensable. Les ingrédients essentiels de cette lamentable production, ce sont avant tout la baston, les poursuites effrénées, la course contre la montre, les explosions et la tôle froissée. Ce
retour des Envahisseurs se situe beaucoup plus dans la lignée des
48 heures,
Piège à grande vitesse et autres
Fast and Furious que dans la science-fiction véritable.
Quant au héros, il aurait tout aussi bien pu être interprété par Chuck Norris, Nicolas Cage, Steven Seagal ou Jean-Claude Van Damme : le style pur beauf de ce téléfilm s’y prêtait à merveille et le foutage de gueule eût été complet.
En définitive, le retour tant attendu des Envahisseurs n’aura duré que le temps de ce triste navet sans le moindre intérêt. Quoi qu’il en soit, une chose est sûre : un tel pied-de-nez à la série aura définitivement enterré toute éventualité de voir un jour paraître une vraie suite, sérieuse et fidèle à l’original.
Il nous faut maintenant convaincre un monde incrédule que les Envahisseurs ne reviendront plus jamais…