Une notion générale à ne jamais oublier est, à mon avis, que Nagaï dans ses mangas et en général dans ses idées créatives a toujours été animé (ahaha) par un esprit très différent par rapport au directives narratives et esthétiques de la Toeï nécessaires pour la réalisation de séries télé pour les enfants et adolescents jeunes (4-14 ans - et on parle de la génération des années 60-70 ici, pas des enfants des décennies suivantes).
Rappelons-nous que Grendizer, Mazinger Z etc. viennent d'idées originales de Nagaï, oui bien sûr, mais pensées pour le marché du manga et donc un marché (1) beaucoup plus libre au niveau créatif et esthétique, (2) où il est nécessaire intercepter un public plus varié et nombreux, (3) où il n'y a pas (heureusement ou pas) des sponsors à satisfer, (4) où les auteurs peuvent (et ils pouvaient le faire en majeure liberté dans les années 70) exprimer de façon directe ou symbolique leur vision du monde.
Tout cela n'était pas possible dans des séries télévisées explicitement adressée à un public très jeune, mais les producteurs de la Toeï savaient très bien que Nagaï était un étoile naissante du manga (Harenchi Gakuen et Devilman surtout).
L'esprit des maisons de production d'animation, Toeï inclue, depuis les années 60 était celui de suivre le modèle établi par la Mushi Pro d'Osamu Tezuka et exploiter celui que décennies après sera appelé le « media mix » (voir le beau livre en anglais de Marc Steinberg de 2012, « Japan's Anime Media Mix ») : avoir des héros animés qui puissent devenir de façon simultanée des jouets, des produits alimentaires, des vêtements, etc.
Or, on sait cela bien, je crois ; mais elle est moins évidente, peut-être, la nécessité de la Toeï de modifier de façon substantielle l'esprit dont je parlais dessus : les histoire originales de Nagaï étant très, très différentes de ce que la Toeï voulait et pouvait proposer aux enfants. D'ailleurs tu ne peux pas mettre sur le chocolat un héros qui tue sans pitié ses ennemis. Tu dois y mettre un héros qui refuse la violence mais qui doit l'user pour survivre et pour sauver ceux qui ne peuvent pas se défendre.
Si vous contrôlez les personnages de Tetsuya, Duke Fleed, etc. dans les versions des mangas de Nagaï, Ota, Ishikawa, vous trouverez des personagges à la morale bien plus nuancée que celle des versions Toeï.
Les héros dont moi, vous, et tous en France et Italie sommes tombés amoureux sont les héros conçus et écrits sur papier par les scénaristes de Toeï : coordonnées, dans le cas de Grendizer, par Shozo Uehara que j'ai nommé dans un post précédent. NON les versions de Nagaï. (Même discours pour le dessin : NON pas Nagaï, mais plutôt Kazuo Komatsubara et Shingo Araki, dans le cas de Actarus ; et aussi d'autres dessinateurs du staff Toeï pour les autres séries).
Donc à mon avis ce n'est pas vraiment important de savoir si la première version d'Actarus (Duke Fleed / Daisuke) a étée créée par Nagaï ; il est très probable, quand même. Ce qui est important, je crois, est que les changements faits par la Toëi sont tellement forts qu'il n'y a pas vraiment une véritable correspondance entre le caractère de Duke Fleed selon Nagaï et la version finale de la série animée.
Je conseille la consultation du « Roman Album » sorti en 1978 (
http://www.japanwiki.it/index.php?route ... uct_id=110" onclick="window.open(this.href);return false;) qui contient beaucoup de photos et articles qui montrent les réunions entre Nagaï et l'équipe Toeï lorsqu'ils étaient en train de décider les variations entre l'idée originale de Nagaï (si je me souviens bien, déjà à l'époque en cours de publication en episodes comme manga) et la version animée.